Pâque d’hiver: Fête de saint André

30.11.2020

Bien que le canon de la fête de la Nativité commence à être chanté lors de la fête de l’entrée de la Vierge Marie au Temple, les premiers hymnes de l’avant-fête de Noël sont chantés lors de la fête du “hautement loué et Apôtre premier appelé, André.” [1]Dans l’Évangile selon saint Jean, Philippe dit à son ami Nathanael de “venir et de voir” Jésus, mais c’est Jésus Lui-même Qui invite André à “venir et voir” où Il demeure et à passer la journée avec Lui, en compagnie d’un autre disciple de saint Jean le Baptiste, qui est probablement l’évangéliste lui-même.
“Le lendemain, Jean [le Baptiste] se trouvait encore là avec deux disciples. Regardant passer Jésus, il dit : “Voici l’Agneau de Dieu.” Ses deux disciples l’entendirent et allèrent vers Jésus. Voyant qu’ils le suivaient, Jésus se retourne : “Que désirez-vous?” dit-Il. Ils répondirent : “Rabbi (ce mot signifie Maître), où demeures-Tu?” – “Venez voir”, leur dit-Il. Ils allèrent voir où Il demeurait, et ils restèrent avec Lui ce jour-là. C’était environ la dixième heure. L’un des deux disciples qui avaient entendu les paroles de Jean et qui avaient suivi Jésus, était André, le frère de Simon-Pierre. Il alla aussitôt trouver son frère et lui dit : “Nous avons découvert le Messie (ce mot signifie “Christ”).” (Jean 1,35-41)
Venez et voyez! C’est l’invitation persistante de l’Église dans ses offices liturgiques. Venez avec foi et vous serez compté parmi le nombre de ceux à qui “il a été donné de connaître les secrets du Royaume des Cieux” (Mat. 13,11). Vous vous trouverez parmi ceux à qui a été accordé de pénétrer dans le mystère du Christ, qui est le “mystère caché depuis les temps où Dieu créa toutes choses” et qui est à présent manifesté “à travers l’Église” même aux Anges (Eph. 3,4, 9,10). [2]Venez et voyez! Vous serez témoin du mystère de la naissance du Christ par la Vierge, Sa manifestation au Jourdain lors de Son Baptême par Jean, Sa victoire sur le démon dans le désert, Sa proclamation de la Bonne Nouvelle aux pauvres, Son annonce de la liberté pour les opprimés, Sa déclaration d’une année de grâce de la part du Seigneur. Vous serez témoin de Son accomplissement des signes de Sa messianité : l’aveugle voit, le paralytique marche, le sourd entend, le muet parle. Vous verrez les vents s’apaiser et les mers se calmer. Vous contemplerez la table dressée “dans le désert” pour nourrir les multitudes (Ps. 78,19). Vous verrez les démons se faire chasser. Et, sommet de la gloire, vous verrez le mort se relever par la puissance de Sa parole. Vous apprendrez en effet que “le Royaume de Dieu est venu jusqu’à vous” (Mat. 12,28), et vous attesterez vraiment que “quelqu’un de plus grand que Jonas” et “quelqu’un de plus grand que Salomon est ici” (Mat. 12,41-42). Vous verrez ce que “nombre de prophètes et de justes ont espéré voir.. et n’ont pas vu, ont espéré entendre… et n’ont pas entendu” (Mat. 13,17). Et pour finir, vous verrez le Fils de Dieu Lui-même être élevé sur la Croix afin de donner Son Corps brisé comme nourriture pour Son peuple, et verser Son Sang pour leur être boisson, afin que leur faim et leur soif de paix et de justice, et en fait, de vie elle-même, soit comblée à jamais. Vous “siégerez à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des Cieux” qui est apporté au monde par le Messie glorifié (Mat. 8,11).

Parcourir le chemin de la Pâques d’Hiver c’est, d’après saint Grégoire le Théologien (“de Nazianze”), “voyager sans faute à travers chaque étape et faculté de la vie du Christ.” C’est entrer dans les mystères du Messie, “qui n’ont qu’un seul et unique but : me perfectionner et me ramener à la condition première d’Adam.” C’est “voir et être vu par le grand Dieu Qui est adoré et glorifié en la Trinité, et que nous vous présentons à présent aussi clairement que les liens de la chair le permettent, en Jésus-Christ notre Seigneur.” [3]

La fête de saint André, avec le chant des premiers hymnes de l’avant-fête de la Nativité, marque le début de ce voyage pascal d’une manière spéciale: [4]
Lorsque Celui Qui a été proclamé par la voix de Jean le Précurseur,”L’Agneau de Dieu Qui enlève les péchés du monde, “Vint apporter vie et Salut à tous sur terreToi, Ô saint André, tu fus le premier à Le suivre.Tu fus offert en tant que prémice de la race humaine.Tu déclaras à Pierre ton frère, “Nous avons trouvé le Messie”Prie afin qu’Il daigne éclairer et sauver nos âmes.Réjouis-toi, Ô Isaïe, et reçoit le Verbe de Dieu.Prophétise pour Marie la Vierge.Elle est le Buisson Ardent non-consumé par le feu de la divinité.Pare-toi, Ô Bethlehem. Ouvre tes portes, Ô Eden.Entrez, Ô Mages, et voyez le Salut emmailloté dans une mangeoire.Contemplez l’étoile brillant au-dessus de l’étable;Elle annonce le Seigneur donateur de Vie Qui sauve l’humanité.Raconte-nous, Ô Joseph, comment tu menas la ViergeJusqu’en cette étable de Bethlehem.”Après avoir scruté les Écritures et entendu l’Ange,”répond-t’il,”Je suis certain que Marie va merveilleusement donner naissance à DieuQue les sages de l’Orient vont venir adorer, Lui offrant leurs précieux dons.”O Seigneur, incarné pour notre Salut, gloire à Toi!
(Extrait de “The Winter Pascha”, par le protopresbytre Thomas Hopko, SVS Press, 1984
(1) Fête de saint André, 30 novembre. Dans la pratique Orthodoxe, les fêtes majeures sont annoncées par des versets et hymnes “d’avant-fête” chantés lors des offices qui ont lieu avant la grande fête. En règle générale, dans la célébration liturgique Orthodoxe, il n’y a rien qui n’arrive non-préparé et non-annoncé. Il n’arrive jamais que le fidèle puisse prétendre qu’il ne sait pas ce qui va se passer. Par exemple, lors du Vendredi Saint, durant l’adoration du Seigneur crucifié, il est clairement annoncé qu’Il va se relever d’entre les morts. La Croix est contemplée et la mort du Christ est adorée dans la Lumière de la Résurrection. La Liturgie de l’Église n’est jamais “une représentation historique.” Elle est au contraire l’expérience mystique de chaque acte de l’histoire sacrée à la lumière du tout, y compris la glorification du Christ et l’envoi de l’Esprit Saint.

(2) Voir aussi Rom. 16,25; 1 Cor. 2,7; Col. 1,26.

(3) Grégoire de Nazianze, Oratio 38, Sur la Théophanie ou Nativité du Christ.

(4) Vêpres de la Fête de saint André. Dans les hymnes liturgiques Orthodoxes, la Vierge Marie est souvent appelée “le Buisson Ardent.” Car de même que le buisson que Moïse vit était en flammes, mais ne se consuma pas, ainsi Marie tint en son sein le Fils et Verbe de Dieu mais ne fut pas détruite par le feu de Sa divinité. Voir Exode 3.

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