Le Carême (l’Avent) de la Nativité et la fête du saint Apôtre Philippe

14.11.2017

Dans l’Église (Orthodoxe), la période de Noël –> Sainte Rencontre (Épiphanie) commence par une période de jeûne de 40 jours qui commence en la fête du “saint et hautement loué Apôtre Philippe.” C’est pour cela que le Carême de Noël est parfois appelé le “jeûne de Philippe” (1).
Bien que la coïncidence entre la fête de l’Apôtre Philippe et le début du jeûne de la Nativité soit accidentelle, humainement parlant, les yeux de la Foi peuvent voir en cela une certaine providence de Dieu.
Selon l’Évangile de saint Jean, Philippe est un des premiers Apôtres appelés par Jésus. Le lendemain de l’appel d’André et d’un autre des disciples de saint Jean le Baptiste, qui, puisqu’il n’est pas nommé, est selon toute probabilité l’Apôtre Jean lui-même, Philippe se voit appeler par le Seigneur. Comme André qui, une fois appelé, partit chercher son frère Simon Pierre, Philippe part et appelle son ami Nathanaël. Le récit nous est rapporté ainsi dans l’Évangile : “Le lendemain, Jésus avait l’intention de Se rendre en Galilée. Il rencontre Philippe et lui dit: ‘Suis-Moi.’ Philippe était de Bethsaïde, la ville
d’André et de Pierre. Philippe rencontre Nathanaël et lui dit: ‘Nous avons trouvé Celui dont Moïse a parlé dans la Loi, et qu’ont annoncé les prophètes: c’est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth.’ Nathanaël lui répondit: ‘Peut-il sortir de Nazareth quelque chose de bon?’ Philippe lui répondit: ‘Viens voir.’ Jésus, voyant Nathanaël venir à Lui, dit: ‘Voici un véritable Israélite, en qui il n’y a point de tromperie.’ ‘Nathanaël Lui dit: ‘D’où me connais-Tu?’ – ‘Avant que Philippe t’appelât, répondit Jésus, quand tu étais sous le figuier, Je t’ai vu.’ Nathanaël reprit: ‘Maître, Tu es le Fils de Dieu, Tu es le roi d’Israël.’ Jésus lui répondit: ‘Parce que Je t’ai dit que Je t’avais vu sous le figuier, tu crois! Tu verras de plus grandes choses encore.’ Et Il ajouta: ‘En vérité, en vérité Je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert, et les Anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’Homme” (Jn 1,43-51).
Le récit est typique de l’Évangile de saint Jean. Les gens rencontre d’abord l’homme “Jésus de Nazareth, fils de Joseph.” Ils Le rencontrent comme homme, comme “celui dont Moïse a parlé dans la Loi, ainsi que les prophètes.” Ensuite, ils approfondissent.
Ce qu’ils en viennent à voir, c’est que cet homme n’est pas simplement le prophète et maître promis; Il est l’Oint, le Christ, le Messie, le Roi d’Israël. Il est le Fils de Dieu. Oui, Il est Dieu Lui-même sous forme humaine. Le schéma utilisé par saint Jean dans son Évangile est toujours le même. Nous le voyons dans les récits du paralytique à la piscine, avec la Samaritaine au puits, avec le garçon aveugle-né, les retrouvailles de Marie et Marthe avec Jésus à la tombe de Lazare. La séquence des événements est identique. C’est une séquence nécessaire, non seulement historiquement, mais aussi spirituellement et mystiquement. Nous devons d’abord voir arriver l’homme Jésus. Nous devons apprendre à Le connaître comme un véritable être humain, bien concret, un Juif, un rabbin, un prophète. Nous devons Le voir comme l’enfant de Marie, le fils du charpentier, le Nazoréen. Puis ensuite, dans cette rencontre, lorsque nos yeux sont ouverts et que nos coeurs sont purs, alors nous pouvons en venir à voir “de plus grandes choses encore.”
Nous pouvons en arriver à Le connaître non pas comme un simple enseignant, mais comme l’Enseignant, le Docteur; non pas simplement comme un prophète, mais Le Prophète. Nous pouvons en arriver à Le connaître non pas simplement comme le fils d’homme, mais comme le Fils de l’Homme prédit par le prophète Daniel (2). Nous pouvons en venir à Le voir non pas simplement comme un fils de Dieu, mais comme le Fils de Dieu, engendré par le Père avant tous les siècles (3). Nous pouvons en venir à Le reconnaître comme étant le Verbe de Dieu incarné, comme l’Image de Dieu sous une forme humaine (4). Et pour finir, nous pouvons en venir à Le voir comme étant Dieu Lui-même; non pas le Père, mais le Fils du Père, divin, partageant la divinité même du Père, envoyé au monde pour son Salut (5).
La première étape sur le chemin de la Pâques d’Hiver, c’est la rencontre avec l’homme Jésus. Nous sommes invités avec Philippe et les disciples : “venez et voyez.” Si nous voulons venir et nous voulons voir, alors ça se fera. Comme les premiers disciples, nous verrons “des choses plus grandes encore” que ce que nous avions attendu. Nous verrons “le ciel s’ouvrir et les Anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’Homme.” Nous verrons Jésus comme notre Maître, et nous Lui crierons : “Rabbi, Tu es le Fils de Dieu! Tu es le Roi d’Israël!” Et nous en viendrons à Le connaître comme Celui et ce qu’Il est vraiment. Mais pour cela, nous devons d’abord venir. Car si nous décidons de ne pas venir, alors nous ne verrons jamais.

Ô Philippe, toi qui a vu Dieu,
Sous l’inspiration divine et l’instruction du Saint Esprit,
Tu as fait résonner au loin le céleste Évangile du Sauveur,
Et l’a proclamé au monde avec une voix de feu.
Tu a brûlé toute fausseté comme de l’herbe sèche brûle et n’est plus que cendres.
Et dans tout l’univers, tu as prêché l’Évangile du Seigneur Christ Qui est le Maître de tout.
Comme Moïse dans l’ancien Testament,
Tu fus instruit par une divine progression;
Désirant voir Dieu spirituellement,
Tu vis Son Image.
Tu reçus le Fils comme Connaissance et Témoignage du Père,
Car Ils sont connus pour être Un, l’Unité que tous adorent:
Un Royaume, à qui Puissance, Gloire et Adoration.
O nouvelle merveille,
Plus grande que toutes les anciennes merveilles,
Car qui a pu un jour connaître une mère n’ayant pas eu d’époux
Et cependant donnant naissance à un Enfant
Et portant en ses bras Celui qui tient toute la Création?
Cet Enfant est la bonne volonté de Dieu!
L’ayant porté en tes bras alors qu’Il était un enfant, Ô Toute Pure,
Et ayant l’audace d’une mère devant Lui,
Intercède toujours auprès de Lui pour ceux qui te vénèrent,
Afin que nos âmes puissent recevoir abondante miséricorde et être sauvées!
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(Extrait de “The Winter Pascha” par le protopresbytre Thomas Hopko, SVS Press, 1984, pp. 12-15)

1. La fête de l’Apôtre Philippe est célébrée le 14 novembre. L’Église Orthodoxe [dans son rite oriental; ndt] n’utilise traditionnellement pas le terme “Avent” pour le Carême de Noël. Cependant, le terme est excellent, appartenant à la tradition de l’Église [orthodoxe] en Occident. Il signifie simplement “Venue.”
2. Matines de la Fête
3. cfr Héb. 1; Jn 1,17-18.
4. cfr Jn 1,1-18; Phil 2,6-11; Col 1,15-20; Héb 1,1-3. Les traductions modernes ne rendent pas souvent de manière exacte les termes utilisés dans le texte canonique grec.
5. cfr Jn 1,1, 20,18; Phil 2,6; Heb 1,8. C’est ce qui est développé théologiquement et affirmé avec force dans le Crédo Nicéen.
6. Vêpres de la fête de l’Apôtre Philippe

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